Le crépuscule enfin vaincu
Je me relève, tel une ombre,
Une âme errante dans les rues,
Évoluant dans la pénombre.
*
La nuit, pleine et sinueuse,
Éclaire la ville endormie
D’un éclat de lune gibbeuse.
*
L’apparence fantomatique
De ce doux moment d’accalmie
Est sacrée, telle une relique.
*
Je repasse devant mes yeux
Le bonheur d’une vie perdue,
Une vie enfuie vers les cieux,
Une mort qui ne m’était due…
*
Un profond remords me traverse
Et j’éprouve une sueur froide :
Sur moi déferle une cascade,
L’eau si glaciale de l’averse.
*
Tel un fauve à l’affût, je guette
Ma proie au cœur de la tempête,
Je la saisie et bois son sang.
*
Mais qui m’apporte cette paix ?
L’innocent dont je me repais,
Ou ce remords me meurtrissant ?
*
D’anéantir autant de charmes,
Mon âme est noyée de tristesse.
La pluie tombe tout en finesse,
Se mêlant au flot de mes larmes…
A.V. (2000)
